Le recyclage est un procédé de traitement des matériaux et substances usagés à des fins de revalorisation et de réutilisation. Nous y sommes de plus en plus sensibles afin de préserver la biodiversité. Mais découvrez aussi en quoi la nature est elle-même exemplaire en termes de recyclage !
Le recyclage, à la base des écosystèmes et de la biodiversité
La notion de recyclage, qui consiste à réutiliser des déchets pour un autre usage, est très anthropocentrée. Dans la nature il n’y a pas de recyclage, car il n’y a simplement pas de déchets ! Chaque élément de l’écosystème produit de la matière qui est ensuite utilisée par d’autres organismes.
Au début de l’ensemble des chaînes alimentaires, aussi appelé réseau trophique, on trouve les producteurs primaires comme les plantes. Ces dernières produisent de l’oxygène et de la matière organique à partir de l’énergie solaire. La matière organique produite (feuilles, tiges…) sera consommée par les herbivores, qui seront eux-même consommés par les carnivores. Au bout de cette chaîne alimentaire se trouvent les décomposeurs. Ils s’occupent de décomposer la matière organique morte ou les excréments des autres organismes. Cette classe est essentiellement composée de bactéries et de champignons, mais aussi d’invertébrés comme les vers de terre. Ils viennent décomposer les restes d’autres êtres vivants en molécules simples, comme du carbone, de l’eau ou des minéraux, qui vont permettre le développement de nouvelles plantes, et donc de recommencer le cycle. On retrouve là l’idée même du recyclage.
La biodiversité est ainsi un exemple de sobriété, d'efficacité et d'optimisation qui a de quoi rendre jalouses de nombreuses industries. Elle constitue un système extrêmement bien coordonné avec des utilisations cycliques et complémentaires des ressources. Nous pouvons nous inspirer d’elle pour mieux produire en concevant des matériaux facilement réutilisables mais aussi pour mieux gérer nos systèmes de production dans leur ensemble et valoriser tous les éléments produits, y compris ce qui est actuellement considéré comme des déchets ou sous-produits.
Principe des réseaux trophiques.
Crédits : Notre Terre Mère
Le recyclage, une source ingénieuse de ressources renouvelables
On peut s’inspirer du fonctionnement de la nature à l’échelle des écosystèmes pour changer nos modes de production et optimiser notre gestion des déchets.
C’est une vision partagée par le consortium de Kalundborg Symbiosis, qui a développé au Danemark un partenariat entre 11 entreprises afin de réutiliser les déchets des uns pour la production des autres : un bel exemple de réseau trophique dans l’industrie et du pur biomimétisme ! Au cœur de cette symbiose industrielle, on trouve une centrale électrique qui produit de l’énergie pour les autres entreprises et dont la chaleur sert à chauffer des logements individuels. On retrouve par exemple une raffinerie qui récupère les surplus de gaz de la centrale et transmet ensuite les restes de soufre à un fabricant d’acide sulfurique. Chaque année, le site économise ainsi 635 000 tonnes de CO2, et près de 24 millions d’euros grâce à ce recyclage industriel !
Circulation à Kalundborg, référence de la symbiose industrielle.
Crédits : Kalundborg Symbiosis
Cette façon de produire porte le nom de symbiose industrielle et est à la base de l’économie circulaire. Elle permet de moins utiliser les ressources de la planète, de moins polluer et de favoriser la consommation et production locales, ce qui a un impact économique et social très positif. Pour que cette approche soit couronnée de succès, une vision globale est nécessaire : c’est l’ensemble de l’écosystème industriel qui y gagne lorsque différentes entreprises s’associent et collaborent. En France, le site de Bazancourt-Pomacle est un exemple européen de bioraffinerie. On y trouve à la fois des usines mais aussi des sites de recherche qui travaillent à valoriser au maximum les sous-produits de l’industrie sucrière à base de betterave. Ainsi, l’eau extraite des betteraves est utilisée pour le nettoyage, le gaz carbonique des fermentations est récupéré par Air Liquide, la pulpe de la betterave au lieu d’être jetée est utilisée pour fabriquer du biocarburant… Toute la betterave est ainsi valorisée ! Cela permet de mieux rémunérer les agriculteurs, qui dépendaient jusqu'alors du taux de sucre pour leur paie ! Cela a aussi permis de réduire de 80% les besoins en énergie et de 95% ceux en eau du site entre 2000 et 2012, ce qui est essentiel pour la préservation des nappes phréatiques locales et assure une quasi autonomie du site !
En plus de cette inspiration à l’échelle écosystémique, nous pouvons nous inspirer de certains organismes spécifiques particulièrement adaptés au recyclage. Aux Etats-Unis, l’entreprise LanzaTech choisit le biomimétisme et tire ainsi parti de l’activité de bactéries spécifiques pour capter du CO2 industriel et ensuite fabriquer du plastique bio-sourcé ! Ce procédé permettrait de réduire les émissions de CO2 mondiales de 10% en recyclant du carbone présent dans les gaz rejetés par les industriels !
Le recyclage, ou comment s’inspirer des décomposeurs biologiques
La nature regorge d’exemples de recyclage efficace. De nombreux organismes se sont développés en puisant dans les ressources laissées derrière elles par les autres, ce qui leur a permis de prospérer. Parmi ces recycleurs hors pairs, certains peuvent nous aider à relever le défi du recyclage.
Le ver de cire est par exemple capable de se nourrir de plastique ! Ces petits insectes d’à peine 1 à 2 cm de long peuvent en effet digérer le polyéthylène en seulement 24h alors qu’il faudrait des siècles pour qu’il se dégrade naturellement. Ces vers ne constituent en revanche pas une solution miracle pour recycler les 4,5 millions de tonnes de déchets plastiques produits annuellement en France : dans une expérience que relate National Geographic il a fallu une semaine à une colonie de 60 larves pour digérer à peine 30 cm carré de plastique, soit même pas un petit sachet de bonbons !
Ver de cire
Crédits : Wayne Boo/USGS Bee Inventory and Monitoring Lab
Le concept de bioremédiation, c’est-à-dire de dépollution d’un milieu par l’action d’organismes vivants, est très prometteur et déjà appliqué dans les stations d’épuration. Mais les sols ne sont pas en reste. Claude Grison, Directrice de Recherche au CNRS est une des spécialistes mondiales de la phytoremédiation : l’extraction de substances toxiques des sols grâce aux plantes hyperaccumulatrices. Ces plantes sont non seulement capables de survivre et de se développer dans des sols pollués par des métaux, mais elles purifient également leur environnement. On trouve ainsi en Nouvelle-Calédonie des arbres absorbant le nickel : leur sève est bleue ! Nous pouvons donc nous tourner vers la nature pour trouver de nouvelles solutions de recyclage… mais n’oublions pas que le matériau le mieux recyclé est celui qui n’est pas produit.
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